Dimanche 27 avril 2025, soit 80 ans plus tard, place LEPRONT, nous avons honoré la mémoire de toutes les victimes de la déportation en présence de la famille de Jean-Baptiste et Paulette LEPRONT. Aujourd’hui, leurs enfants et petits-enfants témoignent et nous livrent avec pudeur leurs parcours, leurs souvenirs, leur histoire, l’histoire de la France.
Leurs fils, Guy et Jacques ont apporté de par leurs récits issus de leurs recherches, une dimension plus intime et solennelle à cette cérémonie.
Lien vers →Discours de Jacques LEPRONT Discours de Guy LEPRONT
Paulette est une jeune fille de 17 ans lorsqu’elle est internée le 23 Août 1943. Libérée le 26 avril 1945, elle aura passé 16 mois dans le camp de Ravensbrück. Cette rescapée a fait partie des 132 000 femmes détenues, dont 70% sont décédées, soit 90 000 morts.
Beaucoup de questions se posent : pourquoi si jeune ? Pourquoi elle, qui n’est pas juive ? Pourquoi un tract se trouvait-il parmi ses papiers d’identité ? Était-elle une résistante ? Comment a-t-elle pu perdre ses précieux documents ? Qu’a-t-elle ressenti lors de son arrestation ? Dans quelle condition vivait-elle dans le camp ? Comment a-t-elle pu survivre ? Peut-on dire qu’elle a eu de la chance d’en revenir ? De cette période tragique, Paulette, n’en parlait que très peu, gardant pour elle sa souffrance, ses secrets. Tous deux voulaient oublier, ne pas raviver le passé, panser ses blessures par le silence. La vie devait reprendre son cours….. C’est à la fin de sa vie, qu’elle a fini par confier des brides de son histoire.
Buchenwald et Dora sont des camps historiques, inscrits dans les livres d’histoire, mais que sait-on des 174 camps annexes, appelés « commando », aux conditions de vie (de survie) extrêmes ? Parmi ceux-là, « Ellrich » où Jean-Baptiste y sera détenu, 1 an après avoir passé 2 mois à Buchenwald et 2 mois à Dora.
3 500 Français sont passés par ce camp
et seulement 210 en sont revenus soit 94% de morts.
Buchenwald c’est 250 000 détenus – 56 000 morts, soit 20%.
Dora c’est 60 000 détenus – 30 000 morts, soit 50%.
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Extrait du témoignage de Robert LANCON, résistant en 43, arrêté en avril 44, il arrive un mois après à Buchenwald et rejoindra le camp d’Ellrich, le 13 juillet de la même année.
« ELLRICH, camp dont on ne parle pas beaucoup parce que ce n’était pas un grand camp comme Buchenwald. C’était un marécage tout près de la gare, entouré de barbelés qui englobaient de vieilles usines à plâtre. Les occupants furent en majorité des Russes, des Polonais, des Tchèques, des Tziganes et environ 3 500 français et presque autant de Belges.
C’est là que les Nazis installèrent le 1er mai 1944, un des camps de concentration les plus cruels, dépendant administrativement du camp de DORA. Il n’y avait pas de chambre à gaz, mais un régime SS responsable de l’assassinat de milliers de déportés. La vie y était très pénible en raison de la fatigue (12 heures de travail par jour), du manque de nourriture et du manque de sommeil.
Les malades : au revier (infirmerie), ils étaient nus à trois par lit, dans des conditions
inhumaines et à partir de janvier 45, sans médicaments. La neige commença à tomber le 4 novembre 1944.
Le 3 janvier, 1487 déportés étaient recensés malades dans l’incapacité de travailler. Un document allemand daté du 13 Janvier 1945, indique : 436 déportés malades, sans vêtements, ni chaussures sont destinés à un « transport » (sous- entendu : vers les chambres à gaz et fours crématoires de Dora) au plein cœur de l’hiver par un froid de -20°, soit 1000 morts en seulement 10 jours.
Début mars 45, Dora n’arrivant plus à « absorber » cette charge, les SS firent construire sur le site d’Ellrich un four crématoire précaire en urgence. Sur le seul mois de mars, environ 1000 déportés y ont péri. L’effectif du camp ne dépassa guère 9 000 détenus à partir du mois de septembre 1944.
Pendant cette période de 11 mois (de mai 44 à avril 45), la Barbarie des SS sans limites
s’accélère sur les toutes dernières semaines :
Au 28 février 1945 : 1 017 Français encore présents, sur les 3 500.
Au 31 mars soit un mois après, seulement 593 survivants.
Le 4 et 5 d’avril, l’évacuation du camp, appelée « la marche de la mort » est ordonnée. Elles seront particulièrement meurtrières, seuls 210 français, soit 1 sur 17, retourneront chez eux, Jean-Baptiste LEPRONT en survivra.
Extrait du discours de Patricia Miralles, Ministre déléguée, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants : « Aujourd’hui, la France pense aux disparus, à ceux qui ne sont pas revenus. Elle pense aux survivants, dont les paroles, longtemps étouffées, ont ensuite éclairé le monde. Elle pense aux enfants et petits-enfants de déportés, porteurs d’un héritage douloureux, mais nécessaire…… »
Message de : FNDIRP – FMD – (UNADIF – FNDIR) –FNDIRP, Avec le concours des Associations de mémoire des camps.